Dans un contexte marqué par des moments forts tels que :
- l’ouverture des services d’accueil de la petite enfance à la concurrence et la création du Crédit Impôt Famille, ayant entraîné l’arrivée de secteur privé lucratif aux côtés des acteurs historiques municipaux et associatifs ;
- le drame de Lyon ;
- les alertes dénonçant les dérives d’un modèle basé sur la rentabilité et le moins disant économique ;
- la publication du rapport de l’IGAS sur la qualité de l’accueil et la prévention de la maltraitance en crèche ;
- la restitution de la commission d’enquête parlementaire.
L’IGAS nous a transmis un pré-référentiel de la qualité d’accueil des jeunes enfants, suite à la consultation de personnes très diverses souvent professionnelles de la petite enfance dans un cadre participatif très succinct.
Ce document, traitant à la fois de l’accueil collectif et de l’accueil individuel, s’organise autour de la qualité des pratiques du côté des enfants et des parents, ainsi que de la qualité organisationnelle.
Nous reconnaissons la pertinence de sa construction autour des différents principes de la Charte d’Accueil du Jeune Enfant et des derniers rapports et études. Nous saluons également la prise en compte de différentes thématiques souvent passées sous silence : inclusion sociale, violences intra familiales, accueil de la protection de l’enfance.
En revanche, nous attirons l’attention sur les excès et les risques de son exposé des “pratiques associées” qui sont souvent redondantes et trop détaillées devenant parfois infantilisantes.
Plus globalement, ce pré-référentiel ne laisse pas de place à la diversité et l’adaptation d’un projet d’accueil, pousse à la standardisation des pratiques et s’oppose au principe de la qualité organisationnelle.
Il risque de mettre à mal la solidarité au sein de l’équipe professionnelle et leur disponibilité envers les enfants et leur famille.
Il relève plutôt d’un contenu de formations de base, d’un guide, d’un mode d’emploi ou d’un catalogue de propositions voire d’un règlement de fonctionnement.
Par ailleurs, les parents sont trop souvent stigmatisés et infantilisés devant des sachants « professionnels » et leur parole est peu considérée.
Enfin, ce pré-référentiel, présenté comme une approche de fond, nous interroge sur sa destination finale : l’élaboration d’un guide de contrôle comme pratique associée au « pilotage national de la qualité d’accueil ».
Nous nous opposons à la conception d’une grille d’évaluation formatée et rigide qui priverait les établissements de toute souplesse et ajustement aux besoins des enfants, des parents et des projets.
Ce référentiel, plutôt que de constituer un outil de contrôle et de mise en conformité, doit énoncer son ambition de mobilisation d’une intelligence collective au service de l’enfant et de sa famille, en s’attachant à la question de l’attractivité et de la formation des futurs professionnels et professionnelles.
En conclusion, nous considérons ce pré-référentiel comme un document de travail en cours d’élaboration qui doit prendre à bras le corps les sujets primordiaux que sont les modes de gouvernance des structures, les effectifs de professionnels et les financements égalitaires.
Il appelle donc à :
- plus de concertation, distinguant les différents types d’accueils et gestionnaires, pour éviter les écueils d’uniformisation et repenser certains points défaillants ;
- plus de précisions sur les modalités de ces contrôles : qui contrôle et avec quels moyens alloués?
La nouvelle ministre, Madame Agnès Canayer, récemment nommée, devra affirmer et mettre en œuvre un engagement responsable, juste et équitable pour la petite enfance !
L’Acepp reste fortement attachée à la qualité de l’accueil qu’elle porte depuis 40 ans comme sa priorité. Cette qualité d’accueil doit prendre en compte la diversité des projets et des situations et se construire avec les enfants, les professionnels, les parents et les partenaires !