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Le 36e Fabuleux Voyage de l’Acepp fait son spectacle en Auvergne

L’Acepp Auvergne nous partage son expérience de formation autour du spéctacle vivant : Labo’Spéctacle

• L’expérience Labo’Spectacle, c’est quoi exactement ?

Le projet Labo’Spectacle Petite Enfance est une formation-action autour de l’Éveil Culturel et Artistique (ECA) et de ses apports, via l’expérience d’une résidence d’un spectacle vivant dans des structures associatives d’accueil du jeune enfant, et de temps formatifs associés.

• Pourquoi cette expérience d’ECA ?

S’ancrant au sein de la Stratégie Nationale de Prévention et de Lutte contre la Pauvreté, il vise à favoriser l’accès à la culture et l’art des enfants de moins de trois ans, en particulier issus de familles défavorisées ou en risque de vulnérabilité. Ce projet permet ainsi de favoriser l’ouverture aux arts et à la culture des tout-petits en milieu isolé, rural ou urbain, en diminuant toutes les formes de précarité, notamment culturelle.
Par ailleurs, Labo’Spectacle s’inscrit également au cœur de le Charte Nationale pour l’Accueil du Jeune Enfant et tout particulièrement dans le principe 5: « Je développe ma créativité et j’éveille mes sens grâce aux expériences artistiques et culturelles. Je m’ouvre au monde par la richesse des échanges interculturels. ».

• Qui sont les acteurs de l’expérience Labo’Spectacle en 2022 ?

En 2022, des équipes et un parent de deux multi-accueils en Haute-Loire : Les Piousous au Chambon-sur-Lignon et Farandole à Vorey, ont fait vivre Labo’Spectacle.
Pour apporter la matière ECA et l’aspect formatif, ce projet a été conçu en coopération avec la compagnie Axotolt autour de leur spectacle vivant FEUTRE(S). Les artistes sont Thierry Lafont, danseur et chorégraphe et Virginie Basset, musicienne et violoniste.

• Que s’est-il passé lors de l’expérience Labo’Spectacle ?

Ce projet de formation-action s’est décliné en 3 phases mêlant formation et immersion :
Phase 1 : Connaissance – Immersion et installation de la résidence au sein du lieu d’accueil
Phase 2 : Reconnaissance – Accompagner le tout-petit spectateur – Rôle et place de chacun
Phase 3 : Interconnaissance – Analyse et capitalisation d’expériences d’éveil culturel et artistique en crèche

Faire entrer l’ECA et le spectacle vivant dans le quotidien de l’enfant

L’immersion de la phase 1 s’est inscrite dans un temps d’accueil mutuel et d’exploration en liberté pour les artistes dans les locaux des structures afin d’adapter les objectifs de formation à chaque équipe et chaque lieu. Il s’agissait d’un temps d’acclimatation où tout le monde s’est apprivoisé et a fait connaissance : enfants, professionnels, parents et artistes.
Ce temps de présence artistique a suivi le rythme quotidien de la structure, les artistes sont arrivés nourris du travail effectué et des questionnements posés dans le spectacle FEUTRE(S), ils ont partagé des temps informels, en fonction de ce qui se passe sur le moment.
Lors de la phase 2, les artistes ont proposé que la structure accueille le spectacle vivant Feutre(s). Au cœur de la formation-action, le spectacle « FEUTRE(S) » est une création artistique s’appuyant sur le Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns et amenant le spectateur à vivre le spectacle comme un espace-temps jouant avec les limites, cultivant à la fois la porosité et la proximité des espaces. La matière feutre reflète cette idée en étant rigide et souple à la fois. Elle fait le lien à la fois avec la notion de cadre, de liberté de mouvements, d’imagination et avec la notion de relation. Autant d’éléments que l’on retrouve dans le développement de l’enfant, et qui ont permis de nourrir les réflexions des adultes (parents et professionnels) et développer leurs compétences dans l’accompagnement des tout-petits dans leur(s) découverte(s) artistique(s). L’enfant peut ainsi décider d’entrer et de sortir du spectacle vivant avec l’étayage de l’adulte.

Des temps de formation auprès des professionnelles pour accompagner le tout-petit spectateur

Labo’Spectacle s’inscrit dans une démarche d’ECA qui elle-même prend son sens à travers la loi Norma et plus précisément le principe 5 de la Charte Nationale pour l’Accueil du jeune enfant. Aussi, le travail formatif auprès des professionnelles et d’un parent a permis de questionner le sens des projets à la lumière de cette expérience qu’a été Labo’Spectacle.
Ces différents temps de formation ont ponctué l’expérience Labo’Spectacle en permettant d’accompagner et de former les professionnels de la petite enfance à faire entrer l’ECA dans les lieux de vie de l’enfant que sont ici les structures d’accueil du jeune enfant.
Les premiers temps de formation en phase 1 ont permis d’aborder les enjeux de l’éveil culturel et artistique auprès des tout-petits. Le positionnement de « spectateur étayeur » chez les professionnels et parents a été travaillé avec les artistes durant la phase 2, jusqu’à l’expérimentation de celle-ci lors de la représentation du spectacle avec les enfants.
La deuxième phase a débuté par une représentation du spectacle FEUTRE(S) proposée aux adultes présents depuis le début de l’expérience sans les enfants. S’en est suivie une formation donnant des apports autour de l’accompagnement du tout-petit lors de la représentation en s’interrogeant sur sa propre posture de spectateur. Cette soirée de formation a été complétée par une deuxième le lendemain, après l’expérimentation du spectacle avec les enfants et l’analyse de cette expérience. Entre ces deux temps formatifs, les artistes ont proposé le spectacle aux enfants accompagnés des professionnels et parents, ce qui a amené aussi à questionner la transformation et perturbation de l’espace, la posture d’accompagnateur dans le respect des besoins du jeune enfant.

Partager des expériences d’ECA et penser l’après Labo’Spectacle

La troisième phase a constitué une journée de formation réunissant les deux structures du territoire. Cette phase a eu pour visée d’analyser l’expérience et de capitaliser les savoirs et les savoir-faire acquis ou les axes de travail mis en évidence. La journée de formation a porté sur l’ensemble des apports des journées précédentes, leur mise en œuvre mais aussi sur la structuration de l’espace ou des espaces de vie des structures ainsi que de l’après Labo’ Spectacle.
Elle a témoigné également des expériences vécues à travers les différentes « traces » laissées, miroirs des résonances individuelles et collectives de chaque acteur du projet.
L’idée est de pouvoir essaimer au sein du réseau des lieux d’accueil de la petite enfance cette expérience qui a pu faire l’objet d’une trace cinématographique.

• Et si on partageait quelques témoignages des professionnelles, des parents et des artistes ayant vécus l’expérience Labo’Spectacle ?

« L’Eveil culturel et artistique ce n’est pas une action mais une démarche. » Thierry, artiste
« Mettre de l’émerveillement dans le quotidien même avec des choses qui étaient déjà là hier. » Thierry, artiste
« Cette question de l’activité dirigée. Un peu, pas du tout, beaucoup. Elle est venue à plusieurs reprises. Je pourrais reformuler la question autrement : Qui prend l’initiative ? A quel moment c’est l’enfant qui prend l’initiative et y-a-t-il un équilibre dans les moments où c’est l’adulte qui prend l’initiative ou l’enfant qui prend l’initiative ? » Virginie, artiste
« Une expérience avec un grand E et surtout une chance. Prendre le temps. Le partage avec chacun. Voir autre chose, les membres de l’équipe différemment, échanger sur autre chose que le professionnel. » Maurène, professionnelle aux Piousous
« Les artistes sont venus toquer quelque part » Claudine, professionnelle aux Piousous
« Y a eu des moments magiques quoi… Que ce soit avec Thierry ou Virginie, c’était une bonne connexion. » Kristel, professionnelle aux Piousous
« Pour moi le spectacle, ça a été un grand bonheur parce que… J’avais une petite fille avec moi et qui m’a bercé dans son attention on va dire […] Au bout d’un moment j’étais assise en tailleur. Elle était assise sur mes genoux et j’ai senti tellement qu’elle était prise dans le spectacle qu’il a fallu que je m’allonge un petit peu pour que elle, elle puisse être dans son bien-être et tout. Et j’ai trouvé ça vraiment merveilleux […] J’ai tellement ressenti des choses fortes par rapport à son comportement que ça m’a transporté » Chantal, professionnelle à Farandole
« On s’est permis des choses qu’on ne se permet pas forcément dans le quotidien. On a été plus sur l’observation et on a porté un nouveau regard sur les enfants. Y a certains enfants qui sont plus réservés et on a vu là comment ils se sont ouverts à vous et à ce que vous proposiez. » Sonia, professionnelle à Farandole
« Effectivement, j’ai beaucoup mois regardé le spectacle. Est-ce que c’est parce que je l’avais déjà vu ou est-ce que parce que j’étais plus à regarder justement les enfants ? Et voir comment ils réagissaient, je trouvais ça fou en fait. De vivre ça, je me suis dit wouah c’est dingue quoi. » Aline, maman aux Piousous
« De voir tous ces enfants autour de vous [soupir] Le spectateur, il est là, l’artiste, il est là, il y a un espace entre les deux. Moi, j’ai toujours fait ça, voilà. Mais alors là de voir tous ces enfants autour de vous. Mais j’étais pas bien, j’étais pas bien, pas bien. Et j’arrêtais pas de me dire mais non c’est normal ils le voulaient, ils le voulaient. » Maurène, professionnelle aux Piousous;